jeudi 25 octobre 2012

Moi, Victoria, enfant volée de la dictature argentine de Victoria Donda



Pour une fois, pas de bibliographie, à ma connaissance, c’est le seul livre de Victoria Donda. Et pour une fois, je n’ai pas relevé de citations pendant ma lecture.

Auteur: Victoria Donda

Brève biographie: Victoria Donda est née à la fin des années 1970 en Argentine, à Buenos-Aires, dans le centre clandestin de détention de l’ESMA ou Escuela Superior de Mecánica de la Armada soit l’Ecole Supérieure de Mécanique de la Marine. Elle a alors été séparée de sa mère et placée dans une famille de militaires. Elle y a passé son enfance et son adolescence sous un nouveau prénom, Analia, avec des papiers contenant une fausse date de naissance. Des années plus tard, à l’âge adulte, ayant été retrouvée par les grands-mères de la place de mai et le groupe HIJOS elle a découvert sa véritable identité, l’histoire de ses parents… En 2007, elle a été élue députée.

Titre: Moi, Victoria, enfant volée de la dictature argentine (Mi nombre es Victoria)

Maison d'édition et date de publication: Robert Laffont, 2010

Résumé: (issu du site de l'éditeur) « Durant les années noires de la dictature argentine (1976-1983), les militaires supplicièrent, réduisirent en esclavage et assassinèrent des dizaines de milliers de citoyens, hommes et femmes, de tous âges et de toutes conditions sociales. Dans les prisons, des centaines de bébés furent enlevés à leur mère et vendus ou donnés à des sympathisants du régime. L'un de ces nourrissons s'appelait Victoria Donda. »

C'est à vingt-sept ans, grâce au travail remarquable de deux associations (Les Grands-mères de la Plaza de Mayo et HIJOS), que Victoria découvre qu'elle est la fille de disparus. À l'époque, elle s'appelle encore Analia, et ne sait rien des circonstances qui ont entouré sa naissance à l'ESMA, un centre de détention clandestin. Son oncle même, officier naval, a participé à l'arrestation et à l'assassinat de ses parents ? de jeunes militants d'extrême gauche ?, puis l'a placée dans une famille de militaires, sous un faux nom...

Après avoir vécu tant d'années dans le mensonge, Victoria doit reconstruire entièrement son histoire et son identité. Grâce à son engagement politique inébranlable, une force de vie exceptionnelle, elle parvient à renouer avec les parents qu'elle n'a jamais pu connaître, et avec la part d'elle-même qu'on lui a volée : sa quête la conduit à poursuivre le même idéal de justice et de vérité, à travailler au ministère du Développement social, à combattre pour la défense des droits de l'homme, et à se faire élire députée en 2007. Un parcours hors du commun, et un témoignage bouleversant sur le destin des enfants de disparus.

Mon avis: Me « promenant » à la bibliothèque, au milieu des autobiographies et témoignages, je suis tombée sur ce titre, qui n’a pas manqué d’attirer mon attention. Et aussitôt, le livre s’est retrouvé dans ma pile impressionnante de livres à emprunter ce jour-là. D’autant que je souhaitais – et souhaite toujours – en apprendre davantage sur cette période de l’Histoire de l’Argentine et que je trouve que les témoignages éclairent souvent l’Histoire.
Je regrette un peu de ne pas l’avoir lu en espagnol, mais l’aurais-je trouvé facilement ? Je l’ignore. En français, j’étais sûre de ne pas attendre et de comprendre les propos de l’auteur. Ce que j’ai pu remarquer, c’était que le titre français n’était pas une traduction littérale du titre original, bien loin de là. En effet, en Argentine, il a été publié sous « Mi nombre es Victoria », autrement dit, « Mon prénom c’est Victoria », ou « Je m’appelle Victoria », titre soulignant l’importance qu’aura la notion d’identité dans ce témoignage. Si le titre français garde cette nuance avec le « Moi, Victoria », il s’attache pourtant à souligner le contexte : il s’agit d’un témoignage portant sur la dictature argentine. Et quand on dit dictature Argentine, il faut entendre, dictature instaurée en mars 1976 et s’étant terminée en 1983.
Dans ces années-là, pour des raisons variées, mais notamment politiques, les personnes vivant en Argentine pouvaient être arrêtés par les forces militaires et para-militaires et « disparaissaient » alors, se retrouvant internés dans des centres de détention. Là, des naissances avaient lieu. Les bébés étaient alors enlevés à leurs parents, et placés dans des familles de militaires, pour y être élevés comme les enfants de ces militaires. Le pourquoi et le comment apparaît énoncé dans ce témoignage de Victoria Donda.
Ce témoignage nous explique le contexte politique de ces années et des années suivantes également. Ce texte, c’est aussi celui de la découverte d’une identité, et de la reconstruction de son identité.
Pendant et après la lecture, je me suis souvenue qu’il y a de cela quelques années en France, dans les journaux – enfin, dans celui qu’on avait acheté – il était question de cette dictature argentine et plus précisément des enfants de « desaparecidos » (de « disparus »), placés dans des familles de militaires et découvrant, une fois devenus grands, qu’ils n’étaient pas véritablement les enfants de ces militaires par lesquels ils avaient été élevés, mais bien ceux de victimes de la répression dictatoriale. Et je me dis que c’était peut-être bien un article lié à la publication de la traduction française de ce témoignage ou encore, à l’élection en tant que députée argentine de Victoria Donda. Il m’a également remis en tête un film, dont j’avais vu l’essentiel grâce à mon professeur d’espagnol du lycée. Il s’agit de « L’histoire officielle », « La historia oficial » de X, qui se passe justement dans une de ces familles de militaires, pendant la dictature.
Avec la lecture de ce texte, je suis arrivée à mes fins. En apprendre sur cette période et même, saisir un peu plus le contexte politique de l’époque. C’était pour moi une découverte à la fois très marquante et très intéressante. C’est un de ces témoignages par moments très durs et horrifiants, de ces livres qu’on pose, écœuré par les faits énoncés, mais qu’on n’oubliera pas. En somme, c’est à mes yeux, un de ces témoignages très forts dont je recommanderai vivement la lecture (en prenant en compte justement qu’on peut et doit être horrifié par ce qu’on lit là). Comme Si c’est un homme, je ne pourrais pas dire que c’est un « coup de cœur », à cause du contexte, des faits évoqués.

 Et vous? L'avez-vous lu? Qu'en avez-vous pensé?


  

2 commentaires:

  1. Je ne me rappelle plus où j'ai entendu parler pour la première fois de ces enfants enlevés de la dictature argentine, mais j'ai toujours voulu en savoir davantage depuis. Merci de me présenter ce livre! Je le lirai certainement un de ces jours!

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    1. Merci à toi et de rien. Contente que ça te donne une idée de lecture.

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